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Contes Africains

La valeur de la culture Africaine se trouve dans des contes, comment vivre (comportement, respect de la cultures, respect des personnes âgées) Voici quelques meilleur contes Africains que j'ai collecté dans des différents sites. 



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L'histoire des trois amis

Le texte du conte
Il y a longtemps, très longtemps, oui c’était au commencement du monde, trois amis : le vautour, le calao et la poule tombèrent malade. Le premier souffrait de calvitie, le second d’une anomalie au bec, le troisième de crampes dans les pattes.
Pour se faire entendre, ils se mirent à chanter.
« Adaunia Nomba
Dauni Nomba yôyé
Dauni Nomba
Inden sanga nomba kôyé
La vie d’ici
Quelle vie ici !
La vie est aux enchères ! »
Dieu ne répondit pas, alors ils décidèrent d’aller directement voir Dieu pour qu’il les guérisse. La poule contesta :
- Mes amis ne dépassons pas les bornes, Dieu ne va plus tarder. En agissant comme vous envisagez de le faire, nous allons le mécontenter. Pourquoi nous presser ?
Le vautour et le calao n’écoutèrent pas la poule et partirent au ciel de leur vol lourd.
Tandis qu’ils montaient de plus en plus haut, Dieu arriva et guérit la poule. Depuis ce jour, le vautour est resté chauve et le calao a un bec tordu. A présent ils continuent à planer dans les airs à la recherche de Dieu.
Résumé
Le vautour, le calao et la poule ne sont pas satisfaits de leur condition et font appel à Dieu. Ce dernier ne semblant pas répondre, le vautour et le calao se pressent à sa rencontre, tandis que la poule suggère la patience. Bien lui en a pris : juste après le départ de ses deux amis, Dieu arrive et aide la poule, tandis que le vautour et le calao resteront à jamais comme ils étaient.

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L'orphelin et les méchants villageois

Résumé
Un vieil homme très riche sur le point de mourir, confie son fils unique à un arbre afin que ce dernier le conseille dans ses choix. Les villageois, attirés par l'appât du gain, abattent l'arbre grâce auquel le jeune homme revenait chaque fois en vie de ces expéditions. Mais cela ne leur profitera pas…
Le texte du conte
Il était une fois, dans un village, un homme riche, très riche. Qui possédait beaucoup de troupeaux de vaches, de chèvres et de moutons. Il n’avait qu’un seul enfant, un garçon, encore très jeune dont la mère était morte après lui avoir donné la vie !
Quand le vieil homme sentit venir sa propre mort, il s’inquiéta : qui allait conseiller son fils afin qu’il ne se fasse pas dévorer par les vers mangeurs d’homme, les vers mangeurs d’hommes qui migraient entre les deux grands rivière où chaque jour, il allait abreuver ses troupeaux ? Les villageois n’allaient pas le faire. Au contraire, ceux-ci jubilaient déjà à l’idée de voir mourir son jeune dès le lendemain, dévoré par les vers mangeurs d’hommes. Ils allaient se partager ses troupeaux !
Il allait confier son garçon à un arbre, un vieux caïlcédrat :
- Je vais mourir, dit-il. Je te confie mon fils afin que tu le conseilles.
Puis il mourut.
Le matin, avant d’amener ses troupeaux au pâturage, le jeune garçon vint chanter à l’arbre :
- Mon père m’a confié à toi, grand caïlcédrat. Dois-je conduire mes animaux à Toubalitou ? Ou dois-je les amener à Diabalidia ?
L’arbre secoua trois fois ses lourdes branches chargées de feuilles et laissa entendre :
- Va à Toubalitou. Ne va pas à Diabalidia. Les vers mangeurs d’homme seront aujourd’hui à Diabalidia !
Il amena ses animaux à Toubalitou et vers le soir, retourna sain et sauf au village.
Les villageois étaient étonnés et furieux. Quelqu’un devait conseiller le garçon pour qu’il ne se fît pas manger par les vers ! Ils allaient trouver qui. Ce fut un chasseur qui s’en chargea et leur rapporta le secret. Ils abattirent l’arbre, le brûlèrent et jetèrent la cendre dans le fleuve.
Quand l’orphelin vint pour lui demander conseil, il ne vit rien. Il pleura et chanta quand même sa chanson. On ne savait rien. Ce fut une tourterelle qui lui répondit. Et de nouveau, il rentra au village saint et sauf. On s’étonna de nouveau. On était furieux contre le chasseur. Il leur avait menti.
Le chasseur leur révéla de nouveau le secret et leur promit de tuer la tourterelle. Il ne le put jamais. Il devint fou et court de nos jours encore en tirant des coups de feu contre le ciel qu’il prend pour sa tourterelle.
C’est aussi depuis ce jour que les hommes et les femmes sages disent à leurs enfants de ne jamais tuer une tourterelle.

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Banta et la tortue qui chante

Résumé
Les animaux de la savane voudraient mettre Banta, un chasseur redoutable, hors d’état de nuire. C’est une petite tortue qui y parviendra grâce à la ruse.

Le texte du conte

Banta était le chasseur le plus redoutable de la savane. Tout animal qui passait à portée de sa lance pouvait se considérer comme mort, dépouillé et rôti. Banta faisait fi de l’ancienne croyance selon laquelle l’homme qui tue une femelle gravide ou accompagnée de son petit périra lui-même sans descendance. Au demeurant, Banta était père de trois beaux enfants.
Chaque soir, il rentrait chez lui chargé de gibier, portant, autour de son cou, des renards et des écureuils, dans les sacs attachés à sa ceinture, des lièvres et des pigeons, et tirant par les pieds un zèbre ou une antilope. Il tuait plus que lui et les siens ne pouvaient manger par goût du sang et du meurtre, pour le seul plaisir de tuer. Banta aimait aussi à se vanter et nul ne pouvait le faire taire lorsqu’il se lançait dans le récit de ses carnages.
Aujourd’hui, les animaux de la brousse se réunissent sous un manguier pour tenir conseil. Il est temps de réagir et de mettre hors d’état de nuire cet exterminateur avant que tous ne succombent, frappés par sa lance ou étranglés par ses collets. Mais qui osera affronter Banta le chasseur ? Le lion baisse la tête, très intéressé tout à coup par une fourmi qui passe entre ses pattes. Le rhinocéros a justement à faire ailleurs, un rendez-vous de la plus haute importance pour sa carrière de rhinocéros et l’éléphant se sent bien faible. Il n’est pas le seul malade. 
- Moi aussi j’ai dû attraper froid, dit le serpent. 
Quant au charognard, il aura sans doute mangé de la viande trop fraîche.
En somme, nul n’est assez fou pour défier Banta le chasseur. Le carnage va continuer. Le sang des animaux de la savane coulera jusqu’à la dernière goutte. C’est alors qu’une toute petite tortue se porte volontaire. Elle demande seulement aux autres animaux de rester cachés le lendemain, de ne quitter sous aucun prétexte leurs gîtes, leurs terriers, leurs tanières.
Banta bat les buissons avec un bâton, il soulève chaque pierre, puis il renverse la tête et fixe éperdument le ciel vide. Jamais la savane n’avait été si calme. En vain cherche-t-il des empreintes dans le sable ou la poussière. Pas un souffle de vie, pas un bruit d’aile. Pas un crocodile dans les marigots. Le soir venu, bredouille pour la première fois, Banta se résigne à prendre le chemin du retour, le cœur empli de colère et d’amertume.
Il n’a pas rêvé. Il a bien entendu les notes claires d’une kora, d’abord, puis un chant mélodieux semble provenir de ce bouquet de hautes herbes. Intrigué, Banta s’approche prudemment : c’est une toute petite tortue qui chante en pinçant avec allégresse les cordes de son instrument. Voilà qui amusera mes enfants, se dit Banta, et fera peut-être oublier l’insuccès de ma chasse. Et il fourre la tortue dans un sac. 
- Tu ne ramènes donc pas de gibier ? s’écrie son fils en le voyant entrer dans la cour de la concession. 
- J’ai mieux, répond Banta. Grâce à ma ruse et à mon adresse, j’ai capturé une tortue qui chante. Écoutez-la.
Et devant la famille et les voisins réunis, la tortue docilement se met à jouer de son instrument et à chanter. Banta reçoit les applaudissements comme s’ils lui étaient adressés. 
- Je tiens avec cette tortue une belle occasion de briller devant le roi, pense-t-il.
Le lendemain, il se présente au palais et demande audience. 
- J’ai dressé cette petite tortue à chanter pour vous, noble roi. 
- Reviens ce soir. Elle chantera devant la cour.
Et voici la cour rassemblée. Banta tient dans ses mains la tortue prodigieuse. Avec un sourire de triomphe, il l’installe sur un tabouret et pose sa kora devant elle. 
- Vas-y, chante. 
Mais la tortue reste muette. 
- Chante, allez ! 
Mais la tortue reste muette. 
- Chante, allez !
Mais la tortue lentement rétracte sa tête et ses pattes dans sa carapace. « Honte sur Banta », crache le roi qui n’apprécie guère que l’on se moque de lui et ordonne l’exécution du fanfaron. Une potence est dressée sur-le-champ.
Voici Banta à son tour pris au collet. Il suffoque et se débat, inexorablement, il meurt. Et comme une ultime convulsion tord son corps supplicié. Dans le silence funèbre, une kora soudain égrène quelques notes cristallines. Puis, une petite voix entonne un chant étrange et gai, tandis que Banta grimaçant rend son dernier soupir.

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Comment le lion devint Roi

Résumé
En ce temps-là, le buffle était le Roi des animaux. Pour boire à la rivière il fallait attendre qu’il se soit désaltérer le premier et s’y soit baigné. Un jour, une lionne dont le petit allait mourir de soif transgressa cette règle…

Le texte du conte

Le lion n'était pas le roi des animaux. Du moins, il ne l'était pas au départ. C'était plutôt Dankélé, un grand buffle noir de la savane, qui régnait sur le peuple des bêtes. Le roi Dankélé était un grand tyran, un roi qui gouvernait sans foi ni loi. Que tu aies raison, tu avais peur. Que tu n’aies pas raison, tu avais raison d’avoir peur devant lui.
À cette époque, il y avait une seule rivière à laquelle tous les animaux venaient boire, mais personne n’avait le droit de boire avant Dankélé. Et Dankélé ne se contentait pas seulement de se désaltérer, il se baignait dans la rivière, s'y roulait et y faisait tous ses besoins. C'est après que les autres pouvaient boire à leur tour l'eau déjà souillée. 
C'était injuste, mais c'était comme ça. Il fallait le supporter.
Mais la lionne mère, ce jour-là, ne put attendre l’arrivée du roi. Son lionceau qui venait d’arriver au monde, allait mourir de soif. Elle lui donna un peu d’eau. Elle en but un tout petit peu, elle-même.
Arriva le roi Dankélé. Il était accompagné des membres de sa cour, des griots et des griottes qui chantaient ses louanges : 
« Ô ! Grand buffle ! 
Tu es plus grand que Soundjata le grand 
Plus grand que Da Monzon le grand 
Plus grand qu’Alexandre le grand ! » 
Mais le roi Dankélé, quand il fut au bord de la rivière, vit qu’on avait osé boire avant lui, le roi. Il se tourna vers son peuple et les menaçant de son regard, hurla sa colère. Et sa colère fit trembler tout le monde : 
- Qui est-ce… Mais qui est-ce qui a donc osé boire avant moi le roi ? Si vous ne me désignez pas le coupable, vous l’êtes tous !
Les animaux, terrifiés, se regardèrent dans les yeux. Tout le monde avait vu la lionne donner à boire à son petit. Mais qui pouvait prendre la responsabilité de la dénoncer à cette brute de roi ? L’hyène le fit : 
- Moi, je ne vais pas payer pour une faute que je n'ai pas commise. C'est la lionne qui a bu avant toi. Voilà, j'ai dit. 
Et aussitôt, d'un bond, le roi Dankélé écrasa la lionne avec ses grosses pattes.
Mais le lionceau n’était pas mort. Il s’est sauvé à toutes pattes et est allé se cacher. Il a attendu, attendu jusqu'à ce qu’il soit devenu grand. Quand il est devenu un grand lion dont le rugissement retentissait à travers toute la savane, il est sorti et il a dit au buffle : 
- Buffle où est partie ma mère ? 
Le buffle intimidé par la force que dégageait le lion, bafouille : 
- Ta, ta, ta mère la lionne. 
Un conseiller lui souffle à l’oreille : 
- Il s’agit de la lionne que tu as tuée il y a de cela quelques années parce qu’elle avait osé boire avant toi. 
- Ah oui c’est vrai, dit le buffle en se tournant vers le lion. C’est la loi, ce n’est pas moi. La loi, c’est la loi. Ta maman a osé boire avant moi alors la loi lui a été appliquée. La loi, c’est la loi, la loi ce n’est pas moi. 
- La loi ne s’applique qu’au plus faible est une loi injuste. 
Et le lion se jette sur le buffle, le terrasse, et libère le peuple des animaux.
C’est depuis ce jour qu’il est le roi des animaux. C’est aussi depuis ce jour qu’il s’efforce d’être juste et droit.

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L'éléphant et le hérisson

Résumé
A l'époque où il n'y avait sur la terre que des animaux et des génies, le hérisson se vit confié l'unique rivière. Tous animaux devaient lui demander la permission avant d'y boire et il devait autoriser tous animaux lui demandant la permission à boire dans la rivière sinon la rivière disparaîtrait. Un jour l'éléphant décida de boire sans demander la permission…

Le texte du conte

Il était une fois les animaux de la brousse. Ils vivaient entre eux. Seuls sur la terre. Non, pas tout à fait. Il y avait aussi dans la brousse les génies, les grands et les nains, qui, eux aussi, vivaient entre eux. Quant aux hommes, ils n’avaient pas encore fait leur apparition sur la terre.
A cette époque-là, lointaine, très lointaine, il n’y avait sur toute surface de la terre qu’un seul cours d’eau, une petite rivière aux eaux salées, qui appartenait au petit hérisson. Un génie nain, un wokloni, avait eu la gentillesse de la lui montrer : 
- C’est pour toi. Si quelqu’un y boit sans ta permission, la rivière disparaîtra. Si tu refuses à qui que ce soit la permission d’y boire, la rivière disparaîtra pareillement.
De nature, le petit hérisson n’est pas méchant, malgré ses piquants qui lui en donnent l’air. Il suffisait donc de lui demander : « Petit hérisson, je meurs de soif. Est-ce que je peux aller boire dans ta rivière ? » Il répondait toujours par oui. Et tu pouvais te désaltérer à satiété.
Mais un jour, l’éléphant, piqué par on ne sait quelle mouche, se leva et déclara : 
- Moi, le plus grand de tous les animaux, le plus puissant, le plus fort, que je sois obligé à chaque fois de demander la permission à ce petit rien de hérisson, est inacceptable. Je ne le ferai donc plus. Désormais, je boirai sans sa permission !
Le petit hérisson n’était pas présent. Mais les autres animaux, qui attendaient son arrivée, dirent à l’éléphant : 
- Ne fais pas ça, éléphant. Il ne te coûte rien de demander la permission au petit hérisson. Il n’a jamais refusé de l’eau à personne.
 
Mais l’éléphant ne les écouta pas. Il se leva et alla boire l’eau de la rivière. Mais à peine eut-il commencé à boire que la rivière se retira. Et l’éléphant partit en barrissant.
Quelques instants après, arriva le petit hérisson, qui trouva que sa petite rivière aux eaux salées était à sec. Il se dressa sur ses petites pattes et demanda : 
- Qui a bu toute l’eau de ma petite rivière ?
 
- C’est l’éléphant, répondirent en chœur les autres animaux. On le lui avait pourtant déconseillé…
 
Et le petit hérisson de se dresser sur ses petites pattes et de chanter de sa voix courroucée :
 
« Ma petite rivière à moi
 
L’éléphant l’a vidée
 
Si jamais je vois l’éléphant
 
Si jamais je rencontre l’éléphant
 
Je me battrais avec lui
 
Et je lui ferai rendre ma rivière
 
Parole de hérisson. »
Ce disant, le petit hérisson partit à la recherche de l’éléphant, il trottinait tout seul dans la brousse. De temps en temps, il se redressait sur ses petites pattes ou montait sur un arbre pour chercher l’éléphant des yeux. 
Il était vraiment en colère. Mais est-ce qu’un petit rien de hérisson peut vaincre le grand éléphant ?
 
- Si ! Si ! Je le vaincrai, avait répondu le petit hérisson aux animaux qui l’avaient mis en garde.
Le petit hérisson marcha ainsi pendant longtemps. Ce fut vers le petit soir qu’il vit l’éléphant. Le gros pachyderme avait fini d’engloutir des tonnes et des tonnes de nourriture et se reposait aux rayons couchants du soleil. Il dormait.
Le petit hérisson se dirigea droit sur lui. Il lui donna un coup de patte, puis un autre et un autre encore. L’éléphant se réveilla. 
- C’est toi, toi qui a bu toute l’eau de ma petite rivière à moi, hein ? demanda le petit hérisson en colère.
 
- Oui, c’est moi. C’est bien moi. Et que veux-tu ? bougonna l’éléphant.
 
- Me battre avec toi !
 
- Ah ! ah ! ah ! éclata de rie l’éléphant. Te battre avec moi ? Est-ce que tu n’es pas devenu fou ?
En réponse, le petit hérisson se mit à frapper l’éléphant. Et l’éléphant se fâcha. Il se leva. Il leva sa trompe et frappa à son tour le petit hérisson. C’était ce qu’il ne fallait pas faire. Le petit hérisson enfonça tous ses piquants dans la trompe de l’éléphant qui hurla de douleur et appela tous les animaux au secours. Ceux-ci vinrent supplier le petit hérisson d’enlever ses piquants de la trompe de l’éléphant.
Le petit hérisson, malgré ses piquants, n’est pas méchant. Il accepta volontiers de soigner l'éléphant. C’est depuis ce jour que l’éléphant, malgré sa force, ne s’attaque jamais aux plus petits que lui.

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L'hyène et les chèvres de la vieille femme

Résumé
La hyène cherche un prétexte pour manger les chèvres de la vieille femme en toute impunité. Mais le lion ne l'entend pas de cette oreille et malgré toutes ses précautions, la hyène subira des représailles.

Le texte du conte

Il était une fois, dans un village, une vieille femme. Elle possédait beaucoup de chèvres. C’étaient de grandes et grasses chèvres. Comme ses chèvres, en bêlant et en gambadant sur les toits des maisons, embêtaient trop ses voisins du village, la vieille femme alla fonder un autre village où elle habitait toute seule, au milieu de ses chèvres.
C’était l’occasion qu’espérait Surukuba l’hyène qui, depuis longtemps, brûlait de croquer les chèvres de la vieille femme. Elle ne pouvait pas, parce que simplement elle en avait envie, aller comme ça, les prendre et les manger. Le lion, le roi des animaux, lui demanderait de s’expliquer !
Alors, un jour, où Surukuba l’hyène se promenait dans la brousse, cherchant une idée, une raison de manger les chèvres de la vieille femme sans qu’on ait à lui demander des comptes. Alors qu’elle se grattait la tête, elle vit un oiseau. Elle sauta et le captura. « Tiens, se dit-elle. Je vais donner ce volatile à la vieille femme. Si elle le mange, j’aurais un bon prétexte pour dévorer ses chèvres à belles dents ! ». Elle courut chez la vieille femme et lui dit : 
- Bonjour grand-mère. Comme tu es vieille et sans force, et qu’il est de notre devoir à nous les jeunes, d’aider les personnes âgées, je t’offre cet oiseau. Mange-le, ça te fera du bien. La vieille grand-mère prit l’oiseau, mais comme elle n’était pas bête, elle alla le cacher dans le toit de sa case.
Dès le lendemain, voici l’hyène qui revient sur ses pas, toute joyeuse, pensant que, puisque la vieille femme avait mangé son oiseau, elle pourrait à son tour dévorer ses chèvres : 
- Bonjour vieille femme. Bonjour à mon oiseau ! 
- Ton oiseau ? lui demanda la vieille femme avec l’air faussement étonné, je croyais que tu me l’avais donné ! 
- Ah non ! Ah non ! Mon oiseau, je te l’avais seulement confié. Et si tu l’as mangé, tu vas le payer avec tes chèvres ! 
- Non, Surukuba. Je n’ai pas mangé ton oiseau. Il est là, dans le toit de ma case. Va le prendre ! 
- Comme les grands-mères ne comprennent rien de rien ! Je plaisantais avec toi quand j’ai dit que tu allais le payer. Mange-le donc, cet oiseau. C’est pour toi. Foi d’hyène !
Pour autant, la vieille femme ne voulut pas manger l’oiseau. Chaque matin, l’hyène venait lui dire : 
- Bonjour grand-mère ! Bonjour à mon oiseau. 
Et quand la vieille femme lui disait de le reprendre, l’hyène refusait et s’en allait. Cela dura pendant longtemps, très longtemps.
Jusqu’au jour où la vieille grand-mère étant partie dans la brousse chercher du bois mort, sa petite fille venue du village voisin pendant son absence vit l’oiseau et le mangea. On ne sut jamais qui rapporta la nouvelle à Surukuba l’hyène. Mais ce jour-là, Surukuba l’hyène n’attendit même pas le lendemain. Dès l’après-midi, elle arriva toute joyeuse chez la vieille femme. 
- Bonjour vieille femme. Bonjour à mon oiseau ! 
Toute tremblante, la vieille grand-mère lui dit : 
- Ton oiseau, ma petite fille l’a mangé ! 
- Ah bon, Eh bien puisque ta petite fille a mangé mon oiseau, moi aussi, je vais prendre une de tes chèvres que je vais manger avec ma famille ! 
L’hyène prit deux chèvres et les emporta.
Le lendemain, elle revint chez la vieille femme : 
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau ! 
- Ton oiseau, je t’ai dit que ma fille l’a mangé ! 
- Eh bien, si ta fille l’a mangé, moi aussi, je vais manger trois de tes chèvres ! 
L’hyène emporta trois chèvres chez elle qu’elle mangea avec sa famille. Cela dura pendant longtemps. A la fin, il ne restait plus qu’une seule chèvre dans l’enclos de la vieille grand-mère.
Entre temps, le lion qui passait par là, le lion vit la vieille grand-mère, qui pleurait. Il lui demanda : 
- Grand-mère, qu’est-ce qui t’arrive donc ? La vieille femme lui expliqua que l’hyène lui avait donné un oiseau que sa petite fille avait mangé. 
- Et depuis, dit-elle, tous les jours, l’hyène vient enlever mes chèvres. Quand il n’y en aura plus, c’est moi-même qu’elle va dévorer à belles dents ! 
Le lion alors lui dit de cacher dans sa case la chèvre qui restait et de l’attacher, lui, le lion, à sa place, dans l’enclos. 
- L’hyène viendra me trouver ici et on va voir ce qu’on va voir ! ajouta-t-il en souriant. 
C’est ce que la vieille grand-mère fit.
Ce jour-là, Surukuba l’hyène n’attendit même pas le matin pour venir. Elle vint dès le crépuscule. Or, au crépuscule, l’hyène voit mal. 
- Bonjour vieille femme. Bonjour à mon oiseau ! 
- Ton oiseau, je te l’ai déjà dix mille fois, ton oiseau, ma petite fille l’a mangé ! 
- Eh bien ! si ta petite fille a mangé mon oiseau, moi aussi, je vais croquer tes chèvres. 
- Il n’en reste plus qu’une seule. Va la prendre ! 
- C’est ce que je vais faire. 
Et l’hyène alla détacher ce qu’elle croyait être une chèvre. La voici en train de la conduire chez elle.
Soudain, alors qu’elle marchait devant ce qu’elle pensait être une chèvre, elle se ravisa : 
- Mon Dieu ! Je ne comprends rien. Les autres chèvres que j’ai amenées chez moi, en marchant derrière moi faisaient craquer leurs articulations kumata kumata ! Celle-là, elle marche comme un félin ! Est-ce vraiment une chèvre ? Le lion fit craquer ses articulations. Rassurée, l’hyène continua son chemin.
Mais quelques instants après, elle s’arrêta de nouveau : 
- Mon Dieu ! Mon Dieu ! Moi, je ne comprends rien du tout. Les autres chèvres que j’ai amenées chez moi, que j’ai dévorées de belles dents, avec ma famille, ma femme et mes enfants, ont bêlé au moins une fois, elles. Mais celle-là, elle n’a pas bêlé une seule fois ! Est-ce une chèvre, vraiment ?
Le lion essaya de bêler mais ce fut un grand rugissement qui lui échappa. Et l’hyène se sauva à toutes pattes. Le lion ne la laissa pas s’en tirer à si bon compte. Il la poursuivit, l’attrapa et lui assena un grand coup de patte sur son arrière-train. Il le fit et le refit plusieurs fois. Si bien que Surukuba l’hyène en garda l’arrière-train bas, tout bas, toujours bas. Même de nos jours encore.


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La chèvre et le vieillard

Résumé
Une chèvre et son maître s’aimaient profondément. Ce dernier désirant une descendance la chèvre alla voir le génie de l’arbre qui la transforma en femme. En contrepartie, il lui faudra sacrifier son cinquième enfant. Le cinquième enfant naquit. Alors qu’il jouait dans la forêt avec ses frères, le génie l’engloutit…

Le texte du conte

Il y a très longtemps temps , dans une contrée lointaine où les forêts étaient partout, vivait seul un hideux vieillard avec une chèvre qu’il aimait par-dessus tout. Celle-ci était très vieille mais restait en vie par amour pour lui. Le vieillard désirait une descendance.
Un beau jour, alors que le vieillard était allé couper du bois, sa chèvre voulant lui prouver son amour alla voir le génie de l’arbre.
Arrivée là-bas, le génie lui demanda de sa voix grave :
- Que veux-tu petit animal ?
- Je voudrais rendre mon maître heureux.
- De quelle manière puis-je t’aider ?
- Mon maître souhaite une descendance et j’aimerais la lui apporter.
Le génie réfléchit un moment puis lui dit :
- Je peux te transformer en femme. Tout heureuse la chèvre sautait déjà partout à l’idée de rendre le vieillard heureux.
C’est à ce moment-là que le génie énonça une phrase bizarre :
- Kalakou, Kalakou, bérékoukiiiiiiii
Et la chèvre se transforma en une superbe femme.
- Je te remercie grand génie de l’arbre. Alors qu’elle s’en retournait, le génie lui cria :
- Tu sacrifieras ton cinquième enfant sur mon arbre.
Elle rentra chez elle sans prêter attention à ce que lui disait le génie. Quand le vieillard rentra chez lui, il fut surpris de trouver une femme. La jeune femme rassura le vieillard :
- C’est moi ta chèvre ! je suis allée voir le génie de l’arbre pour qu’il me transforme en femme afin d’assurer ta descendance comme tu le souhaitais.
Il la reconnut. Ils eurent un premier enfant puis un deuxième, un troisième un quatrième, et le cinquième. La vie se déroula, ils vécurent heureux, sans problème. Un jour, alors que les enfants jouaient dans la forêt, le cinquième enfant alla se cacher derrière un arbre. L’arbre l’attrapa et se mit à l’engloutir. Il se mit à chanter en s’adressant à ses frères :
« Bori, bori, djinamori, bori
Bori djinamori
Ka ta fo m’bayé
Djinamori bori
Bori djinamori »
Les autres enfants, ayant entendu les cris de leur frère, allèrent prévenir leur mère.
- Maman, Maman…
La mère entendit leurs cris et leur demanda :
- Mais que se passe-t-il mes petits ?
- Bourouki s’est fait engloutir par l’arbre et il chante
« Bori, bori, djinamori, bori
Bori djinamori
Ka ta fo m’bayé
Djinamori bori
Bori djinamori »
La femme se souvint alors de ce que lui avait dit le génie. Elle alla voir celui-ci avec son mari, le vieil homme.
- Rends-moi mon enfant, dit-elle au génie.
Le génie lui répondit :
- Tu sacrifieras ton cinquième enfant sur mon arbre, souviens-toi. Tu l’as fait, alors je le prends !
La femme lui répondit :
- Mais tu n’as pas précisé à quel age je devais le sacrifier et ceci est une faute dans les droits conférés aux génies. Tu dois donc me le rendre.
Le génie réfléchit et avoua :
- C’est vrai, malheureuse, tu as raison, je dois te le rendre. Ils repartirent donc avec les cinq enfants et vécurent heureux.
Un oubli peut toujours être rattrapé.

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La jeune femme, la tourterelle et le vieux caïman

Résumé
Une jeune femme, frappée par son mari décide de rentrer chez ses parents. Mais pour cela, elle doit traverser une rivière dans laquelle se trouve un caïman mangeur d’homme. Le caïman l’aide à traverser, mais elle ne doit le dire à personne. Cependant elle se confie tout de même à son ami d’enfance. La tourterelle qui a tout entendu le répète au caïman. Le caïman mange la tourterelle et couvre la jeune femme d’or.

Le texte du conte

Youma était une orpheline. Sa mère était morte en lui donnant la vie. Très jeune, on l’avait marié à un homme. Un homme jaloux, si jaloux qu’il avait quitté tout le monde pour aller s’installer au milieu de la forêt. Tous les soirs, de retour de la chasse, il battait Youma.
Ce soir-là, il fut particulièrement cruel. Après avoir battu Youma comme on bat son mil, il s’empara de son fusil et menaça de la tuer. Youma se sauva dans la nuit. Elle voulait rejoindre le village de ses parents. Mais le village de ses parents et le hameau de son mari étaient séparés par une grande rivière. Dans cette rivière vivait un vieux caïman mangeur d’homme. Une fois la nuit tombée, personne ne pouvait traverser cette rivière sans se faire dévorer par le vieux caïman.
Youma se retrouva au bord de la rivière. Si elle s’y jetait, le vieux caïman allait la dévorer. Si elle retournait chez son mari, celui-ci allait peut-être la tuer. Elle tremblait, pleurait, se lamentait. Soudain, la rivière se mit à remuer dans tous les sens, balayée comme par une tempête. Et dans l’obscurité, Youma vit émerger de l’eau et nager vers elle quelque chose comme une île flottante. C’était le vieux caïman. Il vint s’amarrer prêt de Youma et lui dit :
- Monte sur mon dos, ma fille. Je vais te faire traverser ! Youma monta et le caïman la transporta sur l’autre rive. En la déposant, il lui dit cependant :
- Que cela reste entre nous ! Personne d’autre ne doit le savoir !
Youma rentra chez ses parents. Sa marâtre effrayée lui demanda :
- Qui t’a aidé à traverser la rivière ? Dis-moi !
Elle répondit en baissant les yeux :
- Personne. Son père lui posa la même question. Les vieux du village, les jeunes, à tous elle répondit :
- Personne.
Mais le jour où son copain d’enfance lui dit :
- Entre nous, qui t’a fait traverser la rivière ? Il y a le vieux caïman mangeur d’homme. Même les plus braves chasseurs ne peuvent s’y hasarder une fois la nuit venue ! Dis-moi le secret, entre nous !
Elle répondit :
- C’est le vieux caïman lui-même qui m’a aidé ! Mais que cela reste entre nous ! Mais cela ne resta pas entre eux. Car ce que Youma ne savait pas, c’était que la petite tourterelle la surveillait. La petite tourterelle qui avait été témoin du pacte avec le vieux caïman !
Arriva le jour où elle devait retourner chez son mari. De nouveau, toute seule, elle se retrouva au bord de la rivière, dans la nuit. C’était le clair de lune. Le vieux caïman émergea de l’eau et commença à nager vers elle quand la petite tourterelle, perchée sur une branche, chanta :
- Son père le lui a demandé, elle a répondu : Personne !
Sa mère le lui a demandé : Personne !
Même les vieux le lui ont demandé, toujours : Personne !
Mais quand son copain le lui a demandé, elle a répondu :
C’est le vieux caïman lui-même
Qui m’a aidée !
Le vieux caïman se tourna vers la tourterelle et lui dit :
-Ta chanson est certes belle. Mais je ne l’ai entendue que d’une oreille. Si tu venais te percher sur ma langue pour la répéter, je l’entendrais des deux !
La petite tourterelle sauta sur la langue du vieux caïman et acheva sa chanson dans l’estomac de celui-ci.
Ensuite, le vieux caïman vint se ranger auprès de Youma :
- Monte, ma fille. Je vais te faire traverser. Et gare à ton mari si de nouveau il touche un seul de tes cheveux. Il aura affaire à moi !
Il fit traverser Youma et lui donna beaucoup de richesses : des vêtements, de l’or et des chevaux. Elle devint une reine et fonda sa dynastie.

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La méchante coépouse

Résumé
Un roi décide de prendre une deuxième épouse et cette dernière transforme la première en hyène. Mais une vieille femme s’en rend compte et le rapporte au roi. Il prend son fusil et tue la marâtre. Alors il retrouve sa première épouse.

Le texte du conte

Il était une fois un roi qui avait une première femme, et vint à en épouser une seconde. Lorsque arriva cette deuxième femme, la première ne put le supporter, et s’en alla trouver les marabouts. Ceux-ci par leurs maléfices, finirent par transformer la jeune femme en hyène, et celle-ci partit dans la brousse.
La marâtre dit à l’aîné des enfants que sa mère était devenue folle. Cependant, à la nuit tombée, la mère venait derrière les maisons, et parlait avec sa fille :
- Arabadièkè, ma fille, dors-tu ?
-Non, non je ne dors pas !
- Il y a des arachides dans le grenier en as-tu donné à ton frère ?
Il y a de la crème dans la petite gourde en as-tu donné à ton frère ?
Ma méchante co-épouse m’a transformée en hyène.
Oh la la !
Puis elle retournait dans la brousse. Cela dura longtemps, longtemps.
Cependant une petite vieille finit par s’apercevoir du manège, et s’en alla trouver le roi :
- Roi, lui dit-elle, on dit que la mère de tes enfants est devenue folle ; mais elle n’est pas devenue folle du tout, c’est sa co-épouse qui a lancé contre elle des maléfices et la transformée en hyène.
- Quoi ?
- Parfaitement !
Alors le roi chargea son fusil et monta sur le toit d’une grande maison, et attendit. A la nuit tombée, l’hyène arriva :
- Arabadièkè, ma fille, dors-tu ?
- Non, non je ne dors pas !
- Il y a des arachides dans le grenier, en as-tu donné à ton frère ?
Il y a de la crème dans la petite gourde en as-tu donné à ton frère ?
Ma méchante co-épouse m’a transformée en hyène.
Oh la la !
Quand elle voulut s’en aller, le roi sauta du toit de la maison et l’attrapa. Il s’en alla la montrer à sa femme.
- N’est ce pas toi, lui dit-il, qui est responsable de cela ? N’est ce pas le résultat de tes maléfices ?
Alors, il déchargea sur elle son fusil et la tua. Et au moment même ou il tuait la marâtre, l’hyène perdit sa forme animale et redevint la jeune femme qu’elle était auparavant.
Là où j’ai pris ce conte, je le remets.

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La princesse orgueilleuse

Résumé
Une princesse ne trouvant aucun prétendant assez bien pour elle, décide de se murer dans le silence. Le roi désespéré décide de la donner en mariage à celui qui la fera parler. C’est ainsi qu’elle épousa un lépreux…

Le texte du conte

Un roi voulait marier sa fille, mais celle-ci ne trouvait aucun prétendant à son goût. Les hommes les plus beaux, les plus riches, les plus nobles, les plus valeureux faisaient en vain leur cour. En vain, ils déposaient fleurs et cadeaux à ses pieds, qu’elle avait menus et fins, reconnaissons-le, et c’était soudain en les regardant comme si le reste du monde n’était peuplé que de palmipèdes. Elle contemplait dans les yeux des hommes sa beauté hautaine et implacable. Une telle perfection n’est pas de ce monde, pensait-elle. Qui sont-ils tous pour se prétendre dignes de moi ?
Par orgueil, elle se mura dans le silence et ne prononça bientôt plus un mot. Était-elle devenue muette ? Le roi au désespoir promit d’accorder sa main à celui qui saurait dissiper ce funeste sortilège et lui rendre la parole. Mais les multiples tentatives de ses courtisans échouèrent les unes après les autres. Ni les sacrifices ni les prières ne lui firent desserrer les lèvres.
Un jour, un lépreux se présenta devant la princesse. Il était vêtu de haillons comme si son habit aussi avait contracté le mal hideux qui le dépouillait. Tout le monde alentour se mit à rire et se moquer. 
- Comment ! Les hommes les plus beaux du pays, les plus riches, les plus nobles, les plus valeureux n’ont su réjouir son cœur et lui rendre la parole, et toi, chien galeux , lépreux immonde, « guenillard », tu prétends y parvenir !
La fille du roi elle-même sembla se rembrunir davantage, mais le lépreux ne dit rien. Il accorda à peine un regard à la princesse. Il s’assit sur ses talons et commença à dresser un petit feu pour faire bouillir l’eau de son thé. Il ne mit que deux pierres dans le foyer si bien que la théière mal assurée se renversa sur le sable. Il l’emplit d’eau à nouveau, à nouveau il la posa sur les deux pierres, à nouveau elle se renversa. Patiemment, il recommença, deux fois, trois fois encore et deux fois, trois fois encore la théière se renversa.
A la cinquième tentative, la princesse excédée s’écria : 
- Mets donc une troisième pierre dans ton feu pour assurer l’équilibre !
Et c’est ainsi qu’une très orgueilleuse princesse épousa un lépreux.

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Le lion et le hérisson

Résumé
Cette année-là une grande sécheresse sévissait au pays des animaux. Le lion, roi des animaux décréta que personne ne viendrait lui demander à manger, que chacun se débrouillerait…
Le texte du conte
http://www.conte-moi.net/sites/default/files/images/illustrations/mal_12.jpgCette année-là, au pays des animaux, il ne tomba pas une seule goutte de pluie. Et pour ne rien arranger, les criquets étaient venus dévorer le peu de végétation qui avait poussé. Le lion, leur roi, les convoqua dans son palais et leur tint ce discours :
« Chers sujets, comme vous le savez tous, il n’est pas tombé une seule goutte de pluie dans notre pays. Il n’y a pas de nourriture. Aussi, moi, votre roi, le roi de tous les animaux, je décrète :
Article 1 : Que personne ne vienne me demander à manger. Car je n’ai rien.
Article 2 : Que chacun se débrouille comme il peut.
Article 3 : Dispersez-vous ! »
Les animaux se dispersèrent, chacun allant de son côté. Mais avant, le cheval dit :
« Moi, je vais rejoindre les hommes au village. Ces petits êtres à deux pattes sont intelligents et ingénieux. En échange de mes services, ils me donneront à boire et à manger ».
Il gagna le village en galopant. Il devint ainsi un animal domestique. L’âne, le mouton, le dromadaire, bref, tous les animaux aujourd’hui domestiques dirent la même chose et rejoignirent les hommes au village.
Mais l’hyène, après mure réflexion, trouva que c’était vrai que ces petits êtres bizarres qui marchaient à deux pattes étaient intelligents et inventifs, mais qu’ils possédaient un bâton, long, très long, qui crachait du feu ! Elle, l’hyène, par prudence, allait attendre un peu et se débrouiller dans la brousse ! Le lion lui donna raison. La girafe et l’éléphant lui donnèrent raison. Même le petit hérisson trouva que l’hyène avait totalement raison. Parce que prudence est mère de sûreté ! Tous les animaux aujourd’hui encore sauvages donnèrent raison à l’hyène et préférèrent mourir de faim que de rôtir au fond d’une casserole ! Ils s’enfoncèrent davantage dans la forêt.
Le petit hérisson, qui errait seul dans la brousse vit un arbre à samba, couvert de fruit murs et délicieux. Il monta sur l’arbre et commença à manger. Vint le lion qui le vit sur l’arbre. Le lion lui demanda de lui envoyer quelques fruits. C’était vrai que lui, le roi de tous les animaux, il avait imposé à chacun de se débrouiller tout seul. Mais cela faisait trois jours qu’il n’avait rien mis sous la dent. Le hérisson lui envoya un premier fruit. Il le mangea. Hum ! C’était délicieux. Il envoya un deuxième fruit. Le lion le mangea. Mais le troisième fruit vint frapper le lion sur son museau royal !
« A moi ça ? A moi, petit hérisson, rugit le lion. Malheur à toi ! Grand grand malheur à toi si tu descends ! »
Le petit hérisson resta dans l’arbre. Il pleurait. Il se lamentait. Quelques temps après, arriva l’hyène. Elle vit le petit hérisson en train de pleurer abondamment. Elle eut pitié et dit :
« Petit hérisson, que t’est-il arrivé ? Ton arbre est plein de fruits. Il faut manger au lieu de pleurer ! »
En réponse le petit hérisson chanta :
« Tout à l’heure, le lion a dit que chacun devait se débrouiller comme il pouvait. Mais voici ce même lion qui vient me demander des fruits. Le fruit est tombé sur le museau, et il m’a dit : Malheur à toi. Grand grand malheur à toi petit hérisson ! »
L’hyène n’avait pas vu le lion. Quand elle le vit et que le lion la menaça de son regard furibond, elle s’enfuit en disant : « Eh bien, malheur à toi ! Grand grand malheur à toi petit hérisson ! »
La grande girafe au long cou, la girafe elle aussi passait par là. Quand elle vit le petit hérisson en train de pleurer dans les branches de l’arbre à samba, elle eut pitié et lui en demanda la raison. Mais quand la raison lui fut expliquée et qu’elle eut vu le lion au pied de l’arbre, elle s’enfuit en criant « Eh bien, malheur à toi ! Grand grand malheur à toi petit hérisson ! »
Le buffle arriva et dit la même chose. Même le grand éléphant dit la même chose. Tout le monde dit la même chose. Tout le monde ? Non.
Le petit lièvre arriva sur son cheval, en fait, un grand coq qui galopait en chantant :
« La vérité, rien que la vérité et toujours la vérité ! »
Le petit lièvre vit le petit hérisson au sommet de l’arbre, qui pleurait, pleurait sans s’arrêter. Il lui demanda :
« Que t’arrive-t-il, petit hérisson ? »
Le petit hérisson lui chanta sa petite chanson :
« Tout à l’heure, le lion a dit que chacun devait se débrouiller comme il pouvait. Mais voici ce même lion qui vient me demander des fruits. Le fruit lui est tombé sur le museau, et il m’a dit : Malheur à toi ! Grand grand malheur à toi petit hérisson ! »
Le petit lièvre n’avait pas vu le lion au pied de l’arbre. Quand il le vit et que le lion le menaça de son regard, il lui cria :
« Va-t-en d’ici ! C’est toi même qui a dit que chacun devait se débrouiller comme il pouvait. Tu n’as pas le droit de venir menacer le petit hérisson ».
Le lion bondit pour attraper le petit lièvre. Mais celui-ci se sauva sur son cheval de coq vers le village. Le lion le poursuivit. Mais à l’entrée du village, il y avait, debout derrière un arbre, un homme qui tenait un long bâton. Quand le lion vit cet homme, il retourna dans la brousse. Le petit lièvre entra dans le village et devint le lapin.

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Le repère du génie à tête de bouc

Résume
Il était une fois un couple qui avait trois garçons. Parmi ces trois enfants deux étaient obéissant et le dernier était têtu. Un jour que la famille s’était fait piéger par un génie à tête de bouc, le père envoie tour à tour chaque membres de sa famille chercher du bois afin de les sauvés. Mais le dernier, tellement têtu, refuse. Mal lui en a pris…

Le texte du conte

Un couple eut trois garçons. Au premier, il donna le prénom Fakamè, celui qui obéit au père, parce que celui, toujours faisait ce que son père lui demandait de faire. Le deuxième s’appela Bakamè, celui qui obéit à la mère. Lui, il ne refusait jamais ce que sa mère lui demandait de faire. Comme le troisième n’obéissait à personne et faisait les choses à sa tête, le couple le nomma Yérékamè, celui qui n’en fait qu’à sa tête.
Un jour, les trois garçons et leur parents étaient en train de cultiver leur champ quand la pluie se mit soudain à tomber drue. Ils allèrent s’abriter dans une grotte. Quelques instants après, arriva un être bizarre, cornu, qui avait cent têtes, cent yeux, cent oreilles… Et puait à cent lieux à la ronde. C’était Bilissi ! Bilissi le génie à tête de bouc ! Le père le savait. Il vint se coucher au travers de l’entrée de la grotte, enfermant les deux parents et leurs trois garçons à l’intérieur ! Comment allaient-ils faire pour se tirer de cette trappe ?
Le père réfléchit un moment puis dit à Fakamè, celui qui obéit au père :
- Fakamè, on voit que cette pluie ne va pas s’arrêter. Tes parents commencent à attraper le froid. Peux-tu aller nous chercher du feu, s’il te plaît ?
Fakamè obéit. Et Bilissi s’écarta pour le laisser sortir.
Il ne revint pas.
Quelque temps, le père se tourna vers Bakamè, celui qui obéit à la mère et lui dit :
- Bakamè, j’ai envoyé Fakamè chercher le feu. Il n’est pas revenu. Pourrais-tu, toi, aller cher le feu pour tes vieux parents qui commencent à attraper le froid ?
Bakamè obéit. Le génie à tête de bouc le laissa sortir.
Il ne revint pas.
Le père se tourna alors vers Yérékamè et le pria d’aller chercher le feu pour ses vieux parents.
- Moi, dit Yérékamè, sous cette pluie battante ? Jamais de la vie ! Crevez si vous voulez, je ne sortirai pas !
Le père se tourna alors vers sa femme et lui dit :
- Comme Yérékamè a refusé d’aller nous chercher le feu, pourrais-tu aller, toi ? Tu es plus jeune que moi pour supporter la pluie et le vent ». La mère obéit. Bilissi s’écarta et la laisser sortir.
Elle ne revint pas.
Comme la mère ne revenait pas, le père dit à Yérékamè :
- Comme tu ne peux sortir sous la pluie, c’est donc moi qui vais te chercher le feu. Je reviens un instant !
Bilissi s’écarta et le laissa sortir. Mais à peine le père eut-il disparu que le génie à tête de bouc, qui avait cent yeux, cent mains et cents pieds se dirigea droit sur Yérékamè :
- Je savais que ton père rusait. Il voulait sauver sa famille. Je l’ai laissé faire en connaissance de cause. Mais comme toi tu n’en fais qu’à ta tête…
Il se jeta sur Yérékamè et le dévora.

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Les funérailles du grand calao

Résumé
Calao tuait des centaines de grenouilles par jour. Par crainte d’être exterminées les grenouilles se réfugient au fond de l’eau. Mais le calao, aidé par la ruse du lièvre, finira par les piéger en faisant le mort imaginaire.

Le texte du conte

Le calao est un grand oiseau noir, avec un grand sac rouge sous le coup. C’est dans ce grand sac qu’il mettait les crapauds et les grenouilles qu’il allait chaque jour capturer dans la brousse. Il revenait les partager avec sa famille.
Comme il ne plaît à personne de garnir le plat d’un autre tous les jours, les grenouilles et les crapauds décidèrent se mettre à l’abri, comme ils n’avait pas de moyens pour se défendre (ils n’ont ni bec ni serres !). Ils allèrent donc se réfugier au fond de la rivière, où ils bâtirent leurs maisons. Le calao qui ne sait ni nager ni pêcher ne trouva donc plus à manger.
Chaque matin, il partait à la chasse, battait toute la brousse en vain. Le soir, il rentrait bredouille à la maison, et écoutait avec peine les cris et les pleurs de sa femme et de ses enfants :
- On va mourir de faim !
A la fin le calao, était tellement affamé qu’il ne pouvait même plus aller à la chasse. Chaque matin, il se traînait jusqu’à la porte de sa case où il restait couché, pleurant et gémissant comme une orpheline :
- Je vais mourir ! Toute ma famille va mourir de faim !
Un jour Zozani le lièvre qui passait par là le vit dans cet état.
- Qu’est-ce qui t’arrive donc, frère calao, demanda ce dernier apitoyé ? Quand le calao lui eut expliqué ce qui lui arrivait, Zozani le lièvre lui dit :
- Voilà ce que tu vas faire. Demain, matin de bonne heure, tu vas recouvrir ton corps de soumbala et te coucher au bord de la rivière pour faire le mort. On va voir ce qu’on va voir !
Le lendemain, le calao fit comme Zozani le lièvre le lui avait demandé. Par sa femme, il se fit oindre le corps avec du soumbala et du datu, des condiments qui sentent très fort. Puis il alla se coucher au bord de la rivière. Zozani le lièvre vint l’ausculter avant de descendre au fond de la rivière annoncer au roi des crapauds et des grenouilles que le calao était mort. Ce dernier ne le prit pas au mot. Il le fît accompagner par le prince héritier pour aller constater le décès du calao.
Le prince héritier du pays des crapauds et des grenouilles vit le calao étendu au bord de la rivière. Il avait les ailes déployées et des légions de mouches bourdonnaient tout autour. Le prince héritier des grenouilles et des crapauds ne crut pas pour autant à la mort du calao. Il lui donna un puis deux coups de pieds. Le calao ne bougea pas. Il alla prendre une épine et piqua et piqua encore le calao. Celui-ci ne bougea pas.
Quand il eut tout fait sans que le calao ne bougea, il redescendit alors au fond de la rivière en courant :
- Papa ! Papa ! Oncle calao est mort et bien mort ! Il est même en train de pourrir. Si on n’organise pas ses funérailles tout de suite, il ne restera rien de lui ! » Aussitôt, le roi appela tout le monde à sortir de l’eau pour aller célébrer la mort du calao. Et tous, femmes, hommes, enfants sortirent avec des tam-tams et des balafons. Ils firent un grand cercle autour du calao et commencèrent à chanter et danser :
- Oncle calao est mort, vive les grenouilles et les crapauds !
- Grand frère calao est mort, vive-nous !
Le calao les laissa chanter et danser jusqu’à ce qu’ils soient tombés ivres morts. Ce fut alors que le calao sauta sur ses pattes et commença à les ramasser : « J’en avale pour ma propre faim et j’en mets dans mon sac pour ma famille ! » Ceux des grenouilles et des crapauds qui ont échappé à sa rage se sont réfugiés de nouveau au fond de la rivière, et depuis, n’en sortent plus. Même pour chanter, ceux qui ne peuvent naturellement s’empêcher de le faire, se contentent de sortir le bout de leur nez pour lancer leur chant et redescendre aussitôt.

 

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Les huit petites gamines et l'hyène

Résumé
Huit petites filles se retrouvent piégées dans l'antre de l'hyène. Heureusement cette dernière voulant s'assurer que tous croiront son histoire s'en va cherche un témoin. Le petites filles mettent ce temps à profit pour s'échapper…

Le texte du conte

Huit petites gamines aimaient se promener dans les bois environnants. Un jour, alors qu’elles cueillaient des fleurs, la pluie commença à tomber. Elles cherchèrent un abri et virent une grotte. Elles y entrèrent. C’était la maison de Surukuba l’hyène.
Quelques instants après, l’hyène arriva en galopant. Dès qu’elle fut aux abords de la grotte, elle s’arrêta en s’exclamant : 
- Hum ! Ça sent la petite gamine ici ! 
Puis elle s’approcha de la grotte et regardant à l’intérieur, elle s’écria : 
- Vous êtes combien, les petites gamines ? 
Les huit fillettes lui répondirent d’une seule voix en chantant : 
- Huit petites gamines ! 
Nous sommes bien huit petites gamines, 
Pour remplir la gueule de l’hyène !
Transportée de joie, l’hyène sauta, bondit et s’en alla en galopant. Elle voulait raconter ça à une autre hyène. Si elle les mangeait tout de suite, et si elle racontait ensuite qu’elle avait un jour trouvé huit petites gamines bien menues dans sa maison à elle personne ne la croirait ! Il fallait donc qu’elle trouve un témoin.
Elle partit au galop, répétant la chanson des huit petites gamines : 
- Huit petites gamines, 
Pour remplir l’hyène.
Elle trouva un compère et l’invita à aller voir ce qu’elle avait trouvé dans sa grotte. Dans sa maison à elle : huit petites gamines bien potelées ! Mais avant leur arrivée, deux fillettes étaient sorties de la grotte pour gagner le village. 
Les six leur répondirent : 
- Oui, nous sommes bien huit petites gamines pour amuser les crocs des huit hyènes !
Les deux hyènes s’en retournèrent au galop. Elles devaient trouver une troisième ? Pourquoi pas une quatrième ? Puis une cinquième ? Puis… Car, elles étaient bien huit, les gamines.
Mais quand les hyènes revinrent et demandèrent : 
- Vous êtes combien, les gamines ? 
C’est une seule voix qui leur répondit. Et quand elles se ruèrent dans la grotte, elles n’y trouvèrent qu’une petite bague que l’aînée des fillettes y avait déposée. C’était cette petite bague qui leur avait répondu.
Furieuse, elles se ruèrent aux trousses des fillettes. Elles arrivèrent au village, quand l’aînée des fillettes escaladait la clôture. Une hyène l’attrapa son pied : 
- Je te tiens, petite maligne. Et je vais te manger ! 
L’aînée des fillettes éclata de rire : 
- Oh ! gros bêta ! Ce n’est pas mon pied que tu tiens là, mais un bois de la clôture. 
L’hyène laissa le pied de la fille et attrapa le bois. La fillette sauta dans le village et alerta les chasseurs.

 

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Les mauvais amis

Résumé
Le crocodile et le chien sont bons amis. Ils s’invitent respectivement à manger. Mais chacun demande à l’autre des choses impossibles pour pouvoir partager le repas. Sont-ils vraiment bons amis ?

Le texte du conte

Le crocodile et le chien sont de bons amis. Ils se fréquentent et s’entraident.
Un jour de fête, le chien invite le crocodile à partager un bon repas de haricots. 
- Des haricots ! J’accepte volontiers de les partager avec toi, dit le crocodile.
 
Chienne, l’épouse du chien, présente donc à l’hôte un plat bien garni. Mais, avant de manger, le chien lui dit :
 
- Il est une coutume chez moi : pour manger il faut que l’invité soit assis.
 
Mais le crocodile n’arrive pas à s’asseoir. Il essaie, mais hélas, épuisé et humilié, il rentre chez lui, abandonnant le chien et la chienne qui, très contents, mangent les haricots à sa place.
Le crocodile, à son tour, prépare un bon couscous lors de son anniversaire et invite son ami le chien. Ce dernier arrive tôt avec sa femme. L’odeur de la sauce se répand et emplit la maisonnée. 
- Ça sent vraiment bon, dit le chien.
 
- Oui, bientôt nous nous mettrons à table, mais commencez déjà à sécher vos museaux car ce repas d’anniversaire, pour le manger, il faut être propre.
 
Malheureusement, le chien a toujours le nez mouillé. Chien et chienne sortent au soleil pour exposer leurs museaux. Mais rien ne change. Le soir, ils ont toujours le nez mouillé. Alors le crocodile mange seul son délicieux plat.
Furieux, le chien quitte son ami en jurant : 
- Gare à toi, si je te trouve hors de l’eau !
 
Le crocodile répond au chien :
 
- Gare à toi aussi si je te trouve autour de mes mares !
« Sommes-nous des amis, ou sommes-nous des ennemis ? »

 

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Mariko, le chasseur têtu et l'iguane d'eau

Résumé
Mariko le chasseur tuait sans raison tant et tant d'animaux. Tous l'avaient mis en garde. Un jour, alors qu'il ne trouvait plus d'animaux dans la savane il rencontra un lézard. Celui-ci le pria de ne pas le tuer, et se mit à chanter. Mais Mariko ne l'écouta pas…

Le texte du conte

Mariko était un chasseur ! Mais quel chasseur ! Il tuait les animaux comme si ce n’étaient pas des vies. Chaque jour, il en tuait des dizaines et des dizaines dont il exhibait les têtes et les queues comme trophées.
Un jour, sa femme qui n’en pouvait plus de le voir ainsi massacrer les animaux, le conseilla en ces termes :
- Mariko, s’il te plait, arrête de tuer les animaux comme tu le fais. Ce n’est pas bien. Ce sont des vies.
Mariko se moqua de sa femme. Et dès le lendemain, il alla massacrer trois dizaines de bêtes sauvages dont il ramena les queues au village.
A leur tour, les anciens du village le convoquèrent dans leur vestibule et lui dirent :
- Mariko, arrête de tuer les animaux comme tu le fais. Si les chasseurs qui t’ont précédé sur cette terre avaient fait comme toi, tu ne serais pas devenu chasseur. Car, pas un seul animal sauvage ne leur aurait survécu.
Mariko se moqua des anciens. Et dès le lendemain, il alla massacrer quatre dizaines de bêtes dont il ramena les queues au village.
Ce jour-là, Mariko partit à la chasse. Toute la journée, il battit en vain la savane et ne rencontra aucune bête. Même pas un petit écureuil.
Le soir venu, il s’en retournait bredouille au village en maugréant quand il vit, allongé au bord de la rivière, un grand lézard qui se prélassait aux derniers rayons du soleil couchant. Ses yeux brillèrent de joie. Il n’allait pas essuyer les moqueries de villageois en rentrant bredouille. Il pointa son arme sur le lézard et allait tirer quand celui-ci, se mettant debout comme un homme, il chanta :
« Ne me tue pas Mariko. Ne me tue pas.
Je ne suis pas un lézard ordinaire.
Vois-tu ?
Les marchands du Nord, du Sud
De l’Est et de l’Ouest passent et repassent
Par ce chemin.
Ils me voient ici, tous les jours.
Ils ne m’ont pas tué parce qu’eux, ils savent
Que je ne suis pas un lézard comme les autres ! »
Mariko lui répondit en éclatant de rire :
- Vieux lézard, même si tu chantes toutes les chansons de ton répertoire, moi, je vais te tuer ! Et pan ! il tua le lézard. Il le prit et le jeta sur son épaule et rentra au village.
Au moment de franchir la porte de sa maison, le lézard, bien que mort, lui chanta de nouveau :
- Ne me tue pas, Mariko. Je ne suis pas un lézard ordinaire…
Mariko lui répondit :
- Continue de chanter, hein ! Je vais te rôtir et te manger tout à l’heure. Et on verra bien si tu peux continuer de chanter dans mon ventre !
Il alla jeter le lézard devant sa femme :
- Prépare-moi ça, ma chérie. Je meurs de faim.
- Moi ? lui rétorqua sa femme. Non seulement, je ne prépare pas ce lézard. Mais je ne le mangerai pas. Mes enfants ne le mangeront pas non plus. Tu m’entends, Mariko ?
- Tant pis. Je me le préparerai moi-même.
Et Mariko de dépecer le lézard. Il le découpa en morceaux et jeta les morceaux dans le poêle. Mais même en mijotant sur le feu, chaque morceau du lézard chantait :
- Ne me tue pas Mariko. Je ne suis pas un lézard comme les autres.
- Tu vas être prêt et je vais te dévorer à belles dents, dit Mariko. Et on verra bien si tu vas continuer de chanter !
Quand le lézard fut bien cuit, Mariko, se mit à le manger. Il invita sa femme. Sa femme refusa. Il invita ses enfants, tous refusèrent. Et il mangea tout seul.
Aussitôt qu’il eut fini de manger, il eut soif, une grande soif qui se mit à lui brûler la gorge. Il cria sur sa femme :
- Apporte-moi à boire ! Je meurs de soif, je meurs de soif !
Sa femme lui apporta verre d’eau qu’il but d’une rasade. La soif s’aggrava.
Il cria sur ses enfants :
- Apportez-moi de l’eau ! Je meurs de soif ! Je meurs de soif !
Chaque enfant lui apporta une cruche d’eau. Il les avala d’une traite. La soif s’aggrava. Mariko se leva et alla prendre le canari d’eau. Il avala la contenance d’une seule rasade. La soif empira.
Il sortit de la maison en courant, sortit du village à toute allure. Il partit à la rivière, celle au bord de laquelle il avait tué le lézard. Il se baissa et commença à boire l’eau de la rivière. Mais la soif s’aggrava. Il but, but et but. Son ventre s’enfla, se gonfla et finit par exploser. Les morceaux du lézard en sortirent, se recollèrent. Et soudain, le lézard se dressa devant Mariko mourant et lui dit :
- Que t’avais-je dis, Mariko ? Tu l’apprendras à tes dépens.
C’est depuis ce jour que si l’on continue à chasser les animaux, on le fait avec raison.

 

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Pourquoi le cheval ne parle-t-il pas ?

Résumé
A l’époque où les chevaux parlaient, une jeune femme voulut se rendre dans un village réservé aux hommes. Le fétiche du village sentit qu’il y avait une femme parmi les villageois. Mais comme elle était déguisée et profitait des conseils habiles du cheval, elle ne fut pas démasquée. Une fois rentrée chez elle, la jeune femme fut ingrate envers le cheval qui l’avait aidée, et celui-ci arrêta de parler

Le texte du conte

Au temps jadis, le cheval parlait comme nous parlons aujourd’hui. Il allait guerroyer. On ne l’égorgeait pas pour le manger. A cette époque là, il y avait un village interdit aux femmes. Celles qui essayaient d’y pénétrer périssaient.
Yassama était la fille du roi, elle était belle et séduisante. Quand elle portait un costume d’homme, elle prenait l’apparence d’un homme. Un jour, elle décida de se rendre dans ce village, ce fameux village interdit aux femmes. Malgré la protestation de ses parents, elle s’entêta. Un matin, elle s’habilla comme les cavaliers, monta sur un cheval et partit avec ses frères.
Quand ils rentrèrent dans le village, le fétiche du village s’écria :
- Hakoi ! hakoi ! Parmi ces étrangers il y a une femme, faites-les tous sortir de notre village car il est souillé et un malheur va nous frapper.
- On fit venir les étrangers chez le chef du village, mais personne ne vit de femme parmi eux.
Le fétiche cria une nouvelle fois :
- Hakoi, faites sortir ces étrangers le village est souillé, un malheur va nous frapper.
- Vite, les villageois trouvèrent un plan pour découvrir l’intrus. Le cheval dit alors à Yassama :
- Gare à toi, ils cherchent à te découvrir. S’ils te donnent de l’eau pour te laver ne prend pas l’eau chaude.
- S’ils t’offrent de la viande ne mange pas la viande cuite.
Yassama suivit intégralement les recommandations de son cheval et échappa au piège.
A la fin de leur séjour, les villageois organisèrent une course de chevaux au cours de laquelle Yassama les battit tous. C’est alors qu’elle montra ses seins et dit qu’elle était une femme. On la poursuivit, mais on ne pu la rattraper. Le fétiche du village se transforma en pluie pour l’atteindre. Son cheval enleva sa peau pour la protéger car elle deviendrait stérile si cette pluie la mouillait.
Toute joyeuse, elle rentra avec ses frères à la maison. Mais quand son père lui demanda de raconter son voyage, elle expliqua que le cheval n’avait rien fait et qu’elle s’était débrouillée toute seule. C’est alors que le cheval hennit et cessa de parler à cause de l’ingratitude de cette femme.

Pourquoi le singe ressemble à l'homme

Résumé
Un singe demande à Dieu de devenir un homme. Pour cela, il doit rester enfermé dans une case pendant 100 jours.

Le texte du conte

Au temps jadis, le singe alla voir Dieu et lui demanda à être comme l’homme, Dieu lui dit :
- Awô, mais peux-tu demeurer 100 jours enfermé dans une case ?
- Awô répondit le singe, vraiment, je le peux, je le jure !
Dieu l’enferma donc dans une case comme convenu.
Au matin du 99ème jour, le singe regarda à travers un petit trou et vit des merveilles : fleurs, mangues mûres, régimes de bananes, bleu du ciel, étendu d’eau, une lumière dorée, des branches qui se balançaient.
Alors, de toute sa force, le singe défonça la porte et dit :
- Le monde s’embellit alors que je suis en prison ! Pas question, tous ces mouvements de dehors m’invitent à la fête, j’y vais, j’y vais !!!
Il ne finit pas son monologue, et le voilà dans le grand air pour vivre libre comme tout le monde.
Voilà pourquoi il est resté à mi-chemin entre l’Homme et l’animal.

 

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Quand le lion épousa la brebis

Résumé
Le lion prit pour femme une brebis. Cela fit scandale dans la brousse. L’hyène alla dire au Lion qu’il risquait d’attraper la gale. Il réussit comme ça à le convaincre de tuer sa femme. Mais une vieille femme qui avait tout entendu, aida la brebis par sa ruse et son expérience…

Le texte du conte

Le lion, un jour, quitta la brousse et vint en ville où il se maria avec une brebis qu’il ramena avec lui dans la forêt. Tous les animaux fêtèrent l’événement à grands frais, et la nouvelle se répandit bien vite, comme un feu de brousse.
- Un lion, épouser une brebis ! Quel scandale et quelle honte ! répétaient les animaux.
A ces critiques faites à basse voix le lion répondait tout haut :
- Et pourtant, j’aime beaucoup ma femme brebis.
Cependant, seule l’hyène, profondément en choc, réfléchissait :
- Malgré tout ce qu’on pense de moi, je vais quand même montrer que les qualificatifs de lâche et de poltron qu’on m’attribue ne sont que purs mensonges et viles médisances.
Elle vint trouver le lion chez lui, à la tombée du jour :
- Majesté Lion, dit-elle, il est clair pour tout le monde que tu es le plus respectueux, le plus majestueux de tous les animaux de la terre, mais tu as pris comme épouse une sorte d’individu niais et bête qui ne lève jamais la tête même vers le ciel qui l’a accueilli.
- Vraiment, tu ne mérites pas pareille épouse, tu fais traîner ton nom dans la boue, dévorons-la donc et laisse-moi ensuite aller te chercher une femme digne de ta grandeur ! Je ne dévorerai pas ma femme car je l’aime, et j’ordonne que tes propos s’arrêtent là !
L’hyène s’en alla toute honteuse.
La nuit suivante, l’hyène revint cette fois en courant bien vite, à grandes enjambées.
- Ah ! Ah ! Majesté
- As tu appris ce que j’ai appris ?
- Quoi donc ? dit le lion.
- Il paraît que lorsque l’eau de pluie touche à la peau des brebis, il y a une maladie qu’on appelle la gale qui leur enlève tous les poils jusqu’aux oreilles et aux pattes, elle leur tanne la peau jusqu’à la chair rouge, une sorte de le lèpre, quoi ! Cette lèpre s’attaque aussitôt à son conjoint et lui cause les mêmes maux. Tu te vois toi, sans crinière et sans cils, sans pelage et sans queue, la peau tannée jusqu’à la chair comme un poulet plumé, avec des mouches partout ?
- Ah bon, s’écrit le lion !
- Et bien Hyène, à y réfléchir je vois que celle-ci n’est véritablement pas ma femme. On devra donc, au plus tard, ce soir par tous les moyens et par toutes voies, la dévorer.
L’hyène toute contente s’en alla.
Et le soir, la brebis n’était au courant de rien. Quand elle est rentrée à la maison une vieille femme la vit :
- Brebis, prend garde, car l’hyène que tu vois chez toi et que tu honores et respectes veut, en réalité, ta peau. Aujourd’hui elle y a réussit. Ne va donc pas là-bas car ils t’attendent tout les deux pour t’écorcher et te croquer. Cependant viens que je te propose une ruse qui te permettra d’être sauvée. Car moi, je suis vieille et pleine d’expérience.
La vieille femme donna à la brebis une petite calebasse pleine de miel et lui confia un secret. La brebis poursuivit son chemin.
Elle entra, salua et sauta par dessus les jambes étalées de son mari.
- Sacrilège ! cria le lion. Quel irrespect ! Quel déshonneur ! Pourquoi donc as-tu fais cela ?
- Pardonne-moi cher mari, Dieu seul sait que je ne l’ai pas fait exprès !
- Ah non, s’écria l’hyène, le saut d’une femme par-dessus un homme porte toujours malheur ; car nous avons vu seulement avant-hier, un homme dont la femme lui était passée dessus, mourir aussitôt. Il ne s’est pas passé deux minutes qu’il trépassa le pauvre.
- Ah bon, s’écria le lion qui sauta d’un grand bon sur sa femme, mais avant que ses pattes ne touchent le sol la brebis eut le temps de jeter dans la gueule du lion la petite calebasse de miel que lui avait donné la vieille femme.
Le lion s’assit sur son derrière en soupirant de jouissance :
- Dis moi chère épouse, ou donc as-tu eu ce breuvage ?
- Il y a, dans la forêt d’à-côté, tes collègues lions comme toi, qui ont assemblé toutes les hyènes pour leur presser le ventre afin de le faire sortir par leur derrière ce liquide dont ils remplissent des outres entières. Sache que c’est du miel et que chaque hyène en à le ventre plein.
- Hyène tu me caches de si bonne chose, je jure que tu n’emporteras pas l’outre de miel que tu couves.
Le lion rattrapa l’hyène, il la souleva bien haut, et la lança par terre en pressant bien fort sur son ventre. Il n’en sortit évidemment pas de miel, mais en sortit de petites crottes nauséabondes, des morceaux d’os et aussi des graines de goyaves et des noyaux de mangues. Le Lion dévora l’hyène. Ainsi finissent tous les mouchards.
Malgré cela, il y avait de l’amour, même des amours impossibles comme celles du lion et de la brebis, que la guerre et la misère.

 

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Soyons toujours modérés

Résumé
Un jeune garçon à la recherche de la sagesse ayant remarqué que la parole pouvait tuer, décide de s’abstenir de parler. Mais, accusé à tort, il se voit dans l’obligation de changer de nouveau de position et se remet à parler.

Le texte du conte

Un garçon partit un jour loin de chez lui. Il voulait apprendre la sagesse. Arrivé dans la forêt profonde, il entendit le cri d’un oiseau. To-cou-lo-cou, to-cou-lo-cou, to-cou-lo-cou ! Comme il avait faim, il chercha l’oiseau, le trouva et le tua avec sa fronde.
En grillant sa viande, une idée de sagesse lui passa par la tête : « Si cet oiseau n’avait pas crié, tu ne l’aurais pas découvert et tué. C’est la preuve que la parole tue ». Il décide alors fermement de ne plus parler jusqu’à son retour chez ses parents.
Il continue son chemin et rencontre des femmes chargées de fagots de bois qui rentrent au village. Elles lui demandent :
- Où vas-tu garçon ?
L’enfant ne répond pas. Elles concluent donc que c’est un sourd muet égaré et le conduisent chez le chef du village. La nuit, le chef le couche à côté de sa plus jeune femme et de son bébé.
Dans la nuit profonde arrive l’amant de la femme. Aussitôt il veut s’en aller car cette présence étrangère le gêne.
- Ne t’inquiètes pas, le rassure la femme. C’est un enfant égaré sourd-muet que nous avons ramené des champs.
Le garçon ne dort pas mais fait semblant. Les amoureux causent jusqu’au premier chant du coq.
Sur le chemin du retour, l’amant se rend compte qu’il a oublié son fusil et retourne le chercher. Dans la précipitation, il prend l’arme par le canon, le fusil étant mal saisi, tombe à terre et une détente se produit, le bébé touché meurt.
- Rentre vite chez toi, conseille la femme, quand tu seras loin, je crierai que ce sourd muet a tué mon bébé.
Ainsi dit, ainsi fait. L’enfant est amené pieds et poings liés. Son cou doit être tranché dans les minutes qui suivent. Il prend alors la parole pour être son propre avocat :
- Écoutez, bonnes gens, je ne suis ni un sourd muet, ni un assassin, je suis simplement un amoureux de la sagesse. Je suis à la recherche de la sagesse et j’ai vu ceci : un oiseau mourir pour avoir parlé. Depuis, j’ai opté pour le mutisme. Comme je constate que le silence peut aussi conduire à la mort, je vais donc tout vous dire.
Et il raconta tout pour être sauvé.

 

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Sénégal : Le fils à la recherche de sa mère

Résumé
Un jeune homme élevé par une femme génie qui l’avait enlevé à sa mère alors qu’il venait de naître, décide de partir à sa recherche. La femme génie le couvre de biens et le met en garde contre les imposteurs. Seule sa vraie mère connaîtra les conditions de sa naissance.

Le texte du conte

Un conte
On l'écoute
Il était une fois
Il existe encore
Il était une fois une femme et son mari; ils étaient tous deux esclaves. Ils vivaient chez le roi et travaillaient pour lui. Le roi était très méchant. Les esclaves travaillaient nuit et jour ; ils ne se reposaient jamais et ne mangeaient pas à leur faim. Un jour, le mari mourut. Son mari étant mort, la femme s'enfuit de la maison du roi. Elle sortit de la ville et décida de se réfugier dans un autre pays.
Avant la mort de son époux, la femme était déjà avancée en grossesse.
Elle marcha, marcha, marcha pendant longtemps, elle entra en travail. Elle vit un fleuve, et s'installa sur la rive jusqu'à sa délivrance. Lorsqu'elle eut accouché, elle prit un brin de canne à sucre et coupa le cordon ombilical. Elle mit au poignet de l'enfant un bracelet offert par son mari lors de son mariage. Cela se passait en pleine nuit. Elle décida d'attendre là le lever du jour. Mais quand elle se réveilla elle ne vit plus l'enfant. Elle le chercha partout en vain. Elle pleura jusqu'à n'avoir plus de larmes et s'en remit à Dieu. Elle reprit son chemin.
Elle arriva dans un autre grand pays, et y reprit ses fonctions d'esclave à la cour. Ce roi aussi était très méchant.
Il se trouvait que l'enfant avait été enlevé par une femme génie, qui le nourrissait et qui s'occupait de lui jusqu'à ce qu'il eût grandi. L'enfant lui servait de berger, accompagné de son fils de la femme génie ! Un jour, il dit à ce fils :
-Moi, ma mère me manque beaucoup!
L'enfant de la femme génie lui répondit :
- Toi, tu sais que ma mère t'aime beaucoup. Quand tu reviendras à la maison, tu t'assiéras quelque part, tranquille comme si tu étais malade. Si elle te demande ce que tu as, tu répondras que ta mère te manque et que tu veux lui rendre visite. Ainsi elle te laissera partir.
Au retour des pâturages, l'enfant fit ce que lui avait recommandé le fils de la femme génie. La femme lui demanda ce qu'il avait. Il dit :
- Ma mère me manque, je voudrais lui rendre visite.
Le génie lui dit:
- Demain je te laisserai partir. Le lendemain, elle lui donna cent bœufs, cent moutons, cent chèvres, cent ânes, une outre pleine d'or et une outre pleine d'argent. Elle lui donna aussi de nombreux guerriers à cheval. L'enfant prit la tête du cortège.
Avant qu'il ne parte, elle lui dit :
- Tu ne connais pas ta mère, tu ne sais pas aussi où elle se trouve. Je te dirai donc ceci: beaucoup de femmes te diront qu'elles sont ta mère, mais tu leur demanderas en quel lieu elles t'ont enfanté, avec quoi elles ont coupé ton cordon ombilical, et ce qu'elles t'ont donné ensuite. Celle qui est ta mère, elle te dira: « Je t'ai mis au monde sur la rive d'un fleuve, j'ai coupé ton cordon avec un morceau de canne à sucre, je t'ai passé au un bracelet poignet ». Celle qui n'est pas ta mère ne pourra pas te donner ces réponses.
Ils se dirent adieu. L'enfant prit la route avec ses richesses et ses guerriers. Ils marchèrent, marchèrent jusqu'en vue d'une cité.
Quand ils y pénétrèrent, une femme vint à sa rencontre et lui dit :
- Beau jeune homme, où vas-tu ?
- Je suis à la recherche de ma mère.
- Je suis ta mère.
- Où m'as-tu enfanté ?
- Dans ma maison.
- Avec quoi as-tu coupé mon cordon ?
- Avec un couteau.
- Que m'avais-tu offert à ma naissance?
- Le lait de mon sein.
- Toi tu n'es pas ma mère, dit l'enfant.
Une autre femme arriva et déclara qu'elle était sa mère.
- Où m'as-tu donné le jour ? demanda l'enfant.
- Dans mon arrière-cour.
- Toi non plus, tu n'es pas ma mère, dit l'enfant.
Toutes les femmes de l'endroit vinrent mais aucune n'était sa mère. Il reprit sa route vers une autre cité. Dans cette dernière, il ne trouva pas non plus sa mère. Il traversa ainsi de nombreux villages sans trouver sa mère. Il arriva enfin dans cette cité où sa mère vivait.
Toute femme qui voyait ses nombreuses richesses affirmait être sa mère.
Toutes les femmes du pays furent donc interrogées par l'enfant, l'une après l'autre, mais aucune ne donna les réponses de la femme génie.
Une femme dit alors :
- Appelez donc l'esclave, peut-être que c'est elle.
Toutes s'exclamèrent :
- Tu sais que cela ne peut pas être elle! Celle-ci ne peut donner le jour à un enfant aussi beau, à un enfant aussi riche !
Sa mère s'approcha, le regarda, et le reconnut. Elle s'élança vers lui, et lui dit : - Je suis ta mère.
L'enfant demanda: - Où m'as-tu enfanté ?
- Au bord du fleuve.
- Avec quoi as-tu coupé mon cordon ?
- Avec un morceau de canne à sucre.
- Que m'as-tu donné à ma naissance ?
- Un bracelet offert par ton père lors de notre mariage.
L'enfant fut très heureux et cria :
- C'est toi qui es ma mère !
L'enfant la débarrassa de ses haillons, lui offrit des habits neufs, la mit sur le plus gros cheval et lui dit :
- Rentrons dans notre pays.
Quand ils arrivèrent dans leur contrée, ses guerriers attaquèrent le roi, le défirent, et l'enfant devint roi.
Il affranchit tous les esclaves leur donna la moitié de ses richesses et tous furent heureux.
D'autres villages déménagèrent et vinrent s'ajouter au sien. Son pays fut un grand pays, tout le monde en parlait.
C'est ici que le conte se jeta dans la mer.
Ce conte est extrait de "Contes wolof ou la vie rêvée" rassemblés par Seydou Nourou Ndiaye et Lilyan Kesteloot, édités par Enda et IFAN à Dakar 1996 dans la Collection "Clair de lune".

 

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Les trois vérités de Bouc

Résumé
Un bouc, converti à l’Islam, s’en va en pèlerinage à la Mecque. Sur le chemin il rencontre une hyène qui pose ses conditions pour le laisser en vie…

Le texte du conte

Un jour, Bouc, séduit par la religion musulmane se convertit à l’islam.
Il décida de se rendre à la Mecque, en pèlerinage.
Il partit, il marcha, il marcha, et il tomba Ratch ! sur Hyène.
Alors Hyène lui demanda :
- Eh, Bouc ! Où vas-tu donc ainsi, tout seul ? »
Il répondit :
- Eh bien, je vais à la Mecque. Je suis converti à l’Islam.
Hyène lui dit :
- Dans ce cas tu es bien arrivé. La Mecque c’est ici.
Devinant ses intentions, Bouc le supplia et dit :
- De grâce, épargne-moi. Je suis père de famille.
Hyène leva le museau, éternua et lui dit :
- Tu ne partiras pas d’ici sans me dire trois vérités indiscutables.
Bouc fit Thioum, réfléchit un moment et lui dit :
- Ah oui ?
Il répondit :
- Absolument. Avant de partir d’ici, tu me diras trois vérités que personne ne pourra
remettre en cause.
Bouc lui dit :
- Oncle Hyène, si j’étais convaincu qu’en prenant ce chemin j’allais à ta rencontre
Dieu sait que je ne l’aurais jamais pris.
Hyène fit Thioum, resta interdite un moment et lui dit :
- Tu as raison. Une.
Bouc réfléchit à nouveau et dit :
- i je rentre au village, et déclare que j’ai rencontré l’hyène dans la brousse
L’on me traitera de menteur.
Il lui dit :
- Tu as encore raison. Deux. Il reste une vérité.
Bouc à nouveau fit Thioum, puis il déclare :
- Je suis en tout cas certain d’une chose.
Hyène demanda :
- Laquelle ?
Il dit :
- Toute cette palabre, c’est parce que tu n’as pas faim. »
Hyène dit :
- Juste ! Atcha ! Tu peux donc partir.
Bouc s’enfuit : Fouy ! Et sauva sa vie.
Ce conte est extrait du recueil Contes seereer rassemblés par Raphaël Ndiaye et Amade Faye édités par IFAN et ENDA, à Dakar 2002, dans la collection "Clair de Lune".

 

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Qui peut m'aider à mettre cette charge sur ma tête ?

Résumé
Une femme enceinte, ayant besoin d’aide pour mettre une charge sur sa tête, promet de donner le fils qu’elle porte au lion, si celui-ci lui rend service. Le lion, attend que l’enfant soit grand pour le manger…

Le texte du conte

Il était une fois une femme enceinte qui était allée chercher du bois mort. Lorsqu'elle eut rassemblé la quantité voulue, elle n'eut personne pour l'aider à poser la charge sur sa tête.
Alors elle appela :
- Quelle créature de la forêt, pourrait m'aider à mettre cette charge sur ma tête ?
Le margouillat se présenta. La femme lui dit :
- Ôte-toi de là, tu ne peux pas !
- Quelle créature de la forêt pourrait m'aider à mettre cette charge sur ma tête ?
Le lézard vint. Elle lui dit :
- Ôte-toi de là, tu ne peux pas!
- Quelle créature de la forêt pourrait m'aider à mettre cette charge sur ma tête ?
Le lion vint. Elle lui dit :
- Toi, tu en es capable.
- Si je t'aide, que me donneras-tu en retour ?
- Ce que je porte dans mon ventre, répondit-elle.
Njogoy, le lion l'aida; elle s'en retourna au village. Elle accoucha d'un garçon du nom de Samba.
Le lion attendit avec impatience quelques années, puis un jour, il se dirigea vers le village et demanda à Samba :
- Peut-on te manger ou faut-il encore attendre ?
- La femme dit : Attends encore, le moment n'est pas venu.
Le lion s'en retourna, attendit un certain temps, puis revint au village et dit :
- Peut-on te manger ou faut-il encore attendre ?
- Il reste encore un mois, répondit la mère.
Samba décida un matin :
- c'est moi qui vais faire paître le troupeau.
Et il partit. Le lion vint en son absence.
- Peut-on le manger ou faut-il encore attendre ?
- Le voilà qui vient de partir au troupeau, répondit la mère.
Le lion attendit, attendit, puis il alla le trouver à l'enclos :
- Est-ce bien Samba ?
- Oui, c'est moi.
- Peut-on te manger ou faut-il encore attendre ?
- On peut me manger, dit Samba !
Ils se ruèrent l'un sur l'autre et se mirent à se battre, à se battre, Samba tua le lion, lui coupa une griffe et retourna au village.
A son arrivée, sa mère lui servit à souper. Il en mangea un peu, puis enfouit la griffe dans le restant du couscous. Il dit :
- Mère, viens prendre le plat.
La mère prit le plat et aussitôt se mit à manger. A peine avait- elle avalé une bouchée que la griffe lui resta dans la gorge. Elle s'évanouit. Alors que tout le monde s'affairait, Samba ne disait mot. Lorsqu'il la sentit près de mourir, Samba lui donna une grande tape dans le dos et la griffe tomba par terre. Il lui dit :
- Voilà le lion à qui tu m'avais donné en gage !
Et la mère fut couverte de honte.
Ce conte est extrait du recueil "Au fil des contes seereer" rassemblés par Marie Madeleine Diouf paru aux éditions Enda-INFAN à Dakar-Sénégal 1998 dans la collection "Clair de lune".

 

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Un malheur ne vient jamais seul

Résumé
Un oiseau s’en va trouver les animaux de son voisinage pour leur demander de l’aide car chaque fois qu’il pond un œuf le serpent l’avale... Tous refusent ne se sentant pas concernés par cette affaire. Mais attention un malheur ne vient jamais seul...

Le texte du conte

Un conte. 
On t'écoute.
 
Il était une fois.
 
Cela existe encore.
Il était une fois une vieille femme qui partageait sa case avec un serpent et un oiseau. Chaque fois que l'oiseau pondait, le serpent avalait l'œuf.
N'en pouvant plus, l'oiseau alla voir la personne et lui dit : 
- Un malheur ne vient jamais seul et seule la paix préserve le bon voisinage. Je voudrais que tu ailles dire au serpent d'arrêter d'avaler mes œufs.
 
La vieille lui répondit :
 
- Qu'est-ce qu'une personne vient faire dans une querelle de serpent et d'oiseau ? Cela ne me concerne pas. Va voir un autre.
L'oiseau s'en alla voir la souris ; celle-ci dressa ses moustaches et se mit debout. 
Alors l'oiseau lui parla :
 
- Je voudrais que tu ailles voir la personne pour qu'elle dise au serpent de cesser d'avaler mes œufs ; chaque fois que je ponds un œuf, il l'avale.
La souris répondit : 
- Tu sais bien que je vis toujours cachée dans la case de la personne ; si elle me voit, aussitôt je meurs.
 
Comment donc irais-je voir la personne pour qu'elle parle au serpent ? Va voir un autre, cela ne me concerne pas.
 
L'oiseau répliqua :
 
- Ah ! Bon ! D’accord ! Un malheur ne vient jamais seul.
L'oiseau consulta l'araignée. Il lui dit : s’il te plaît, va dire à la personne d'avertir le serpent pour qu'il épargne mes œufs ; chaque fois que je ponds un œuf, il l'avale, chaque fois que je ponds un œuf, il l'avale.
L'araignée répondit : 
- Moi, toute toile que je fabrique la nuit dans la case, la personne la défait quand elle se réveille. Je ne peux donc pas lui dire de ta part quoi que ce soit. Va voir un autre.
L'oiseau alla voir le chien et lui dit : 
- Chien, nous sommes tous dans la case. Je voudrais que tu dises à la personne d'avertir le serpent pour qu'il cesse d'avaler mes œufs, car un malheur ne vient jamais seul.
Le chien lui répondit : 
- Moi, je garde la maison de la personne toute la nuit, mais quand son repas est prêt, je n'ai à ronger que les restes laissés par les enfants. Cette affaire ne me concerne pas, va voir un autre !
L'oiseau dit : 
- Je vais donc voir l'âne.
 
Il lui parla en ces termes :
 
- Âne, je voudrais t'envoyer dire à la personne de dire au serpent de laisser mes œufs, car tu sais bien qu'un malheur ne vient jamais seul ! La paix préserve le bon voisinage.
L'âne lui répondit : 
- Tu sais que la personne m'accable de fardeaux et en plus, elle se met derrière moi et me frappe avec son bâton. Et qu'est-ce qu'un âne vient faire dans une querelle opposant un oiseau et un serpent ? Va voir un autre. Je n'irai pas lui dire quoi que ce soit parce qu'elle ne m'aime pas, elle est mon ennemie !
L’oiseau alla trouver le coq, le coq lui dit : 
- Moi, la personne, c'est mon chant qui la tire de son sommeil, mais quand elle reçoit un étranger, elle ordonne qu'on m'attrape et qu'on m'égorge ; la personne est mon ennemie. Je ne peux aller la voir pour qu'elle arrange une histoire entre le serpent et l'oiseau. Ça ne me concerne pas, va voir un autre.
L'oiseau dit : 
- C'est bon ! Un malheur ne vient jamais seul et seule la paix préserve le bon voisinage. Je vous ai tous dit d'interdire au serpent d'avaler mes œufs et vous dites que cela ne vous concerne pas. Je vais voir le mouton.
L'oiseau dit au mouton : 
- Je voudrais que tu ailles voir la personne afin qu'elle parle au serpent ; chaque fois que je ponds un œuf, il l'avale, chaque fois que je ponds un œuf, il l'avale, et tu sais qu'un malheur ne vient jamais seul !
Le mouton lui répondit : 
- La personne m'entretient jusqu'à ce que je sois gras, m'élève dans sa cour jusqu'à ce que je devienne grand, et pourtant quand la Tabaski arrive, elle ordonne qu'on m'attrape et qu'on m'égorge. Une querelle entre une personne, un oiseau et un serpent ne me concerne pas. Va voir un autre.
L'oiseau dit : 
- Ah bon ?
 
L'autre dit :
 
- Oui.
 
Il dit :
 
- D'accord !
 
L'oiseau partit chercher une allumette. Quand il revint, il dit :
 
- Maintenant, j'ai parlé, je suis fatigué. Chaque fois que j'envoie quelqu'un, il refuse. Je vais faire ce qui me convient.
Il prit l'allumette et mit le feu à la case. 
La personne, l'âne, l'araignée, la souris, tous périrent dans l'incendie. L'âne qui était allé appeler au secours mourut au retour, brûlé par le feu.
Quant au mouton, il servit de repas à ceux qui étaient venus éteindre le feu et refaire la case. Alors l'oiseau rassembla tout le monde et déclara : 
- Je prévoyais tout cela, c'est pourquoi j'ai envoyé tout le monde pour dire à la personne d'interdire au serpent d'avaler mes œufs, d'avaler mes œufs. Chacun me répondait qu'une querelle entre un serpent et un oiseau ne le concerne pas. Maintenant vous voyez les conséquences. Seule la bonne entente préserve le voisinage. Un malheur ne vient jamais seul !
Alors, le conte alla rejoindre la mer et celui qui le humera, entrera au paradis.
Ce conte est extrait du recueil « Des contes wolof ou la vie rêvée », rassemblés par Seydou Nourou Ndiaye et Lilyan Kesteloot édités par IFAN et Enda, à Dakar, en 1998 dans la collection "Clair de lune".

La source:
http://www.funfou.com/fables/secret-du-bonheur.php
 

Sample text

Que la paix soit sur vous

Sample Text

je vous remercie d'avoir visité ce Blog